Centre ville de beyrouth
La rénovation du Centre-ville est louable à plusieurs niveaux. Les restaurations ont été, de l’avis de tous, très bien entreprises, quoique peu nombreuses. La zone reconstruite est la seule, au Liban, où l’on trouve une certaine logique urbaniste de qualité rigoureuse, engendrant un respect identitaire des quartiers à divers caractères, de l’alignement des rues…
Mais les bémols ne manquent pas. «La reconstruction du Centre-ville a été entreprise par une compagnie privée dont le but ultime et le principe moteur a été de faire de l’argent, parfois aux dépens de la culture et de la valeur historique des bâtiments, précise Karim Elian, architecte de 29 ans. Une grande erreur a ainsi été commise, car la seule partie du Centre-ville considérée comme ayant une quelconque valeur patrimoniale a été celle qui relève du mandat français, donc relative à la période qui s’étend de 1915 à 1943»
«Beaucoup de regrets émergent lorsque je pense au nouveau Centre-ville de Beyrouth ajoute Karim Elian. Les souks anciens auraient pu être préservés; les nouveaux souks sont en fait une série luxueuse de boutiques standardisées qui s’adaptent aux grandes enseignes internationales. De plus, les bâtiments ottomans à trois arcades ont été tous rasés, à l’exception d’un seul. Quant à la Place des Martyrs, elle a perdu son statut de place à l’échelle humaine, propice aux contacts et échanges, pour devenir une avenue, un axe, une esplanade. Enfin, l’utilisation des surfaces exploitables est une mesure urbaniste très critiquable. Avec la hausse des coefficients d’exploitation sur les terrains qui donnent sur la mer, qui commercialement parlant sont les plus chers, on a favorisé la construction de tours géantes qui bloquent la vue et bouchent l’espace, puisqu’on a préféré monter en hauteur pour un maximum de bénéfices». Avec des 500 à 1000 mètres carrés, les appartements du nouveau Centre-ville ne sont abordables que