Carmen
De cet auteur, je ne connaissais qu'une nouvelle à dominance fantastique, La Venus d'Ille qui, pour tout dire, ne m'avait pas réellement convaincue. Il faut avouer que le style assez sec de l'écrivain me rendait la lecture assez désagréable. Mais il y a avait une édition qui trainait depuis un moment chez moi, regroupant les deux nouvelles de laVenus d'Ille et deCarmen. Cherchant à ce moment-là une lecture de détente qui ne me prendrait pas trop de mon temps, je me suis dit que c'était le moment où jamais de tenter. Eh bien, je ne regrette pas car j'ai finalement apprécié cette lecture.
La première réaction que j'ai pu avoir lors de la lecture de Carmen, c'était l'étonnement. Il y a un certain décalage entre la froideur de l'écriture et les évènements racontés qui eux, sont tragiques. J'ai cru retrouver dans cette nouvelle des réminiscences de Manon Lescaut, dans un traitement certes différent. Nous sommes encore dans cette image d'un homme qui se laisse perdre par la fille qu'il aime, conscient et impuissant à la fois. Le jeune protagoniste sombre de plus en plus dans le crime, de la contrebande au vol, du vol au brigandage, du brigandage au meurtre. Amoureux fou d'une femme qui lui est inaccessible et peut-être incompréhensible, il est dévoré par la jalousie, déçu par les nombreuses trahisons, et malgré cela, il demeure à ses côtés, de plus en plus pressants. Entretenant l'espoir chimérique d'une vie rangée à deux, en Amérique, ce qu'elle n'envisage absolument pas. Le personnage de Carmen me semble intéressant, dans son incapacité à renoncer au désir, dans son attitude enfantine, insouciante et cruelle à la fois. Une sorte d'enfant-diable qui suit ses moindres intuitions et croit en la fatalité. La bohémienne apparait comme un peu sorcière, sensuelle et provocatrice. Marginale et étrangère, il s'agit d'un personnage auréolé de mystère, qui exerce une singulière attraction sur différents personnages de la nouvelle, tout en demeurant toujours