Calvaire et "enfants soldat"
Apparu il y a une dizaine d’années, surtout en ville, le phénomène des « enfants sorciers » s’est accentué avec le délitement du pays. Il a pris des proportions dramatiques ces derniers mois. En juin dernier, de présumés sorciers de 5 ou 6 ans ont été littéralement massacrés dans la région d’Aru, dans le nord-est du pays, à la frontière de l’Ouganda [2]. À Kinshasa, à la mi-septembre, un adolescent de 14 ans accusé par la rumeur d’avoir ensorcelé une femme a été torturé jusqu’à la mort [3]
Sociologiquement, l’enfant accusé de sorcellerie occupe souvent une position marginale, soit il est issu d’un premier mariage, soit il est l’enfant d’un membre de la famille qui s’est absenté. Les familles modestes ou pauvres sont plus vulnérables au phénomène, aussi bien sur le plan de la croyance en la sorcellerie, que sur celui des malheurs qui l’accablent. La propagation du phénomène a traversé les classes sociales, mais quand ce sont des familles aisées qui sont touchées, celles-ci font appel à un pasteur qui dans la plupart des cas assure leur réintégration.
Les causes d’un tel phénomène [4] sont très difficiles à cerner. Il est certain que la crise économique, qui a cassé le mode de fonctionnement traditionnel de l’autorité familiale, y est pour beaucoup. Dans ce contexte, de nouveaux mécanismes de pouvoir se sont progressivement instaurés. Ils ont fini par supplanter la « sagesse traditionnelle ». Des enfants sont revenus des mines