Bérénice
Quoique la troupe de Molière ait joué Tite et Bérénice de Corneille juste une semaine plus tard, et que Racine eût pu profiter de la romance avortée entre Louis XIV et Marie Mancini, nièce du cardinal Mazarin (« Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez ! », acte IV, scène 5)[1], la pièce de Racine, futur historiographe du roi, est entièrement différente de celle de Corneille[2]. Cette tragédie est en effet une réplique de la monarchie absolue en France. Occupé pour l'État, le roi Louis XIV ayant déjà 31 ans y devint héros, grâce à ceux que Titus et Paulin révéraient[3]. Il s'agit de l'obligation des souverains, en dépit de la passion. Finalement, c'est Bérénice qui rappela et confirma non seulement les devoirs de deux princes mais aussi, vraisemblablement, le sien.
Certes, depuis le XVIIIe siècle, on disait parfois que ce serait Henriette d'Angleterre qui aurait demandé aux deux auteurs de préparer cette pièce simultanément. Cependant, ce concours hypothétique fut complètement combattu en 1907 par Gustave Michaut, puis, 50 ans plus tard, par Raymond Picard[4]. De nos jours, c'est Georges Forestier qui précise encore ses raisons[5].
Alors que Tite et Bérénice ne prit que trois représentations, les spectateurs parisiens revenaient pleurer à Bérénice de Racine[6]. En commandant une représentation devant la Cour, le Roi Soleil lui-même exprima sa préférence[7] . Lorsque, par ordonnance du roi, la Comédie-Française eut été fondée en 1680, c'était Bérénice qui fut choisie, après la première représentation honorable du 23 août, Phèdre[8]. Le 23 octobre, cette nouvelle troupe royale commença à jouer Bérénice, de nouveau avec Marie Champmeslé[9].