Brevet Blanc 2015 Corrig L Ve
PREMIERE PARTIE (1) : Texte littéraire suivi de questions + réécriture + dictée : 25 points / Durée : 1 H 30
Une bagarre sanglante
Un soir d’hiver, à la sortie du collège, Paul, un élève fragile, décide de participer à une bataille de boules de neige.
Dargelos était le coq du collège. Il goûtait ceux qui le bravaient ou le secondaient. Or, chaque fois que l’élève pâle se trouvait en face des cheveux tordus, des genoux blessés, de la veste aux poches intrigantes, il perdait la tête.
La bataille lui donnait du courage. Il courrait, il rejoindrait Dargelos, il se battrait, le défendrait, lui prouverait de quoi il était capable.
La neige volait, s’écrasait sur les pèlerines1, étoilait les murs. De place en place, entre deux nuits, on voyait le détail d’une figure rouge à la bouche ouverte, une main qui désigne un but.
Une main désigne l’élève pâle qui titube et qui va encore appeler. Il vient de reconnaître, debout sur le perron, un des acolytes de son idole. C’est cet acolyte2 qui le condamne. Il ouvre la bouche : « Darg… », aussitôt la boule de neige lui frappe la bouche, y pénètre, paralyse les dents. Il a juste le temps d’apercevoir un rire et, juste à côté du rire, au milieu de son état-major, Dargelos qui se dresse, les joues en feu, la chevelure en désordre, avec un geste immense.
Un coup le frappe en pleine poitrine. Un coup sombre. Un coup de poing de marbre. Un coup de poing de statue. Sa tête se vide. Il devine Dargelos sur une espèce d’estrade, le bras retombé, stupide, dans un éclairage surnaturel.
Il gisait par terre. Un flot de sang échappé de sa bouche barbouillait son menton et son cou, imbibait la neige. Des sifflets retentirent. En une minute la cité se vida. Seuls quelques curieux se pressaient autour du corps et, sans porter aucune aide, regardaient avidement la bouche rouge. Certains s’éloignaient, craintifs, en faisant claquer leurs doigts ; ils avançaient une lippe3, levaient les sourcils et hochaient la tête ;