La plus grosse difficulté à laquelle les établissements d’enseignement supérieur de la plupart des pays de l’OCDE doivent faire face depuis les années 70est la réduction des aides publiques. De nombreux établissements ont d’abord réagi en réduisant leurs coûts tout en pressant les gouvernements de renverser la vapeur, puis, quand il est devenu évident qu’ils ne retrouveraient jamais les mêmes niveaux de financement, en se mettant en quête de nouvelles sources de revenus. Certains établissements ont décentralisé l’allocation des ressources afin d’encourager leurs unités à créer des revenus non subventionnels. Un étude récente des stratégies de création de revenu développées par les universités canadiennes, inspirée des travaux de Pierre Bourdieu, laisse entendre que, tout en étant potentiellement efficaces en matière d’acquisition de ressources – et aussi profitables d’autres points de vue importants–, de telles mesures altèrent les valeurs et les conditions internes des universités dans des sens qui pourraient à terme être préjudiciables à leur autonomie, à leur crédibilité publique et à leur capacité à créer des connaissances. Les dirigeants et les gestionnaires peuvent-ils faire en sorte que leurs établissements se procurent les revenus indispensables à leur survie sans diluer les valeurs et les conditions qui ont rendu les universités si uniques et précieuses pour les sociétés ? Les décideurs publics peuvent-ils encourager l’entreprenariat et la réceptivité des établissements d’enseignement supérieur sans compromettre leur raison d’être? Cet article apporte un éclairage sur ces questions.Les universités et les grandes écoles françaises sont de moins en moins connues dans le monde, à en croire le dernier classement du Times Higher Education qui évalue la réputation des établissements d'enseignement supérieur dans le monde. Les Américaines sont les plus cotées, avec des marques aussi prestigieuses que Harvard, le MIT ou Stanford.