Bouvard et pécuchet

556 mots 3 pages
Deux hommes parurent.
L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue.
Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent, à la même minute, sur le même banc.
Pour s’essuyer le front, ils retirèrent leurs coiffures, que chacun posa près de soi ; et le petit homme aperçut, écrit dans le chapeau de son voisin : Bouvard ; pendant que celui-ci distinguait aisément dans la casquette du particulier en redingote le mot : Pécuchet.
— Tiens, dit-il, nous avons eu la même idée, celle d’inscrire notre nom dans nos couvre-chefs.
— Mon Dieu, oui, on pourrait prendre le mien à mon bureau !
— C’est comme moi, je suis employé.
Alors ils se considérèrent.
L’aspect aimable de Bouvard charma de suite Pécuchet.
Ses yeux bleuâtres, toujours entre-clos, souriaient dans son visage coloré. Un pantalon à grand-pont, qui godait par le bas sur des souliers de castor, moulait son ventre, faisait bouffer sa chemise à la ceinture ; et ses cheveux blonds, frisés d’eux-mêmes en boucles légères, lui donnaient quelque chose d’enfantin.
Il poussait du bout des lèvres une espèce de sifflement continu.
L’air sérieux de Pécuchet frappa Bouvard.
On aurait dit qu’il portait une perruque, tant les mèches garnissant son crâne élevé étaient plates et noires. Sa figure semblait toute en profil, à cause du nez qui descendait très bas. Ses jambes, prises dans des tuyaux de lasting, manquaient de proportion avec la longueur du buste, et il avait une voix forte, caverneuse.
Cette exclamation lui échappa :
— Comme on serait bien à la campagne !
Mais la banlieue, selon Bouvard, était assommante par le tapage des guinguettes. Pécuchet pensait de même. Il commençait néanmoins à se sentir fatigué de la capitale, Bouvard aussi.
Et leurs yeux erraient

en relation

  • Faut-il oublier ou rester fidèle à son passé, à ses origines ?
    494 mots | 2 pages
  • Un étrange voyage
    763 mots | 4 pages
  • Boite en carton
    415 mots | 2 pages
  • Mégalopole jamonaise
    908 mots | 4 pages
  • Dossier 5 page cuisine
    2499 mots | 10 pages
  • Traduction de la première partie de eveline de james joyce
    1891 mots | 8 pages
  • Ph10
    231951 mots | 928 pages
  • nouvelle litteraire
    459 mots | 2 pages
  • Le phénix
    1945 mots | 8 pages
  • le rapport de brodeck
    1934 mots | 8 pages
  • Tpe (thémes)
    1917 mots | 8 pages
  • Bouvard et pécuchet
    97222 mots | 389 pages
  • Bouvard et peruchet
    755 mots | 4 pages
  • Baudelaire spleen 26
    1004 mots | 5 pages
  • Dissertation: « la mort donne-t-elle un sens à la vie » ?
    1324 mots | 6 pages