Bouffe: toujours plus vite
Snack, self, sandwich, fast-food, street-food, junk-food et Cie
Bouffe: toujours plus vite
“Autrefois, c’était l’alimentation qui structurait le temps; aujourd’hui, c’est le temps qui structure l’alimentation”, expliquent les spécialistes. En vingt ans, la durée du déjeuner a été divisée par deux. Une vraie révolution culturelle au pays de l’andouillette, du coq au vin et du fromage qui pue
“T’as une minute ?” me demande une amie. J’ai. “On va manger un morceau?” On va. Une minute, un morceau, ça vous symbolise une époque. Et on va où pour aller vite ? Au Restagora, galerie du Carrousel, au Louvre. Là, sur 2000 mètres carrés, on trouve un espace de restauration rapide, multiple : 12 kiosques cuisine vous servent des spécialités du monde, italiennes, libanaises, chinoises et même les crêpes bretonnes. De 6 000 à 10 000 personnes y mangent chaque jour, en un quart d’heure.
A moins qu’on aille avaler un tex-mex aux Chiens chauds de la Ville, sur des tabourets pivotants inspirés de bars de Chicago, où l’on ne tient pas cinq minutes. Ou alors aux Dents du Midi, c’est à côté: en trois minutes, on vous prépare des sandwichs au pastrami de boeuf, saumon fumé de Norvège, ou dinde et bacon sur du pain artisanal. On mange sur place ou on emporte. Des fois, on passe plus de temps à choisir un lieu qu’à y déjeuner. C’est qu’il y a le choix !
Fast-foods, snacks, sandwicheries, pizzas, menus express, “formule rapide”, “spécial comptoir”, “vite vite”... Le temps envahit les enseignes. Ce n’est pas nouveau ? Non, mais ça s’accélère, ça se multiplie et se diversifie. Dans une société tertiarisée, tourneboulée de surcroît par une cacophonie diétique, les Français mangent de moins en moins. Mais de plus en plus vite. Surtout quand ils déjeunent au “RHF” (restauration hors foyer). Ils mettaient presque une heure en 1970, de 27 à 34 minutes aujourd’hui, selon les sources. On ne va pas chipoter pour quelques minutes. Encore que ça suffise à croquer un en-cas.