Bonne gouvernance
19 février 2010
Quand les dieux étaient des concitoyens... De la cité antique à l'empire chrétien
Les cités antiques, de la Grèce à Rome, ont inscrit les dieux au cœur du politique. Quand on naissait citoyen, on était partie prenante d'un système religieux où les dieux étaient conçus comme des partenaires avec lesquels il était possible de négocier. Les cultes de la cité étaient respectés au même titre que les lois qu'elle se donnait, sans qu'un quelconque credo ou une adhésion de nature spirituelle ne soient requis. L'articulation du politique et du religieux était donc d'une autre nature que celle qui nous est familière aujourd'hui.
La pluralité des dieux antiques a longtemps été considérée comme une curiosité par les savants modernes qui ont mis des siècles à se dégager d'un regard culturellement déterminé sur les religions des autres. Comment les Grecs, inventeurs géniaux du théâtre, de l'histoire et de la philosophie, avaient-ils pu témoigner de tant de naïveté, voire d'aveuglement, sur le plan religieux ? La famille de Zeus, constituée de dieux querelleurs, jaloux de leurs prérogatives, mécaniquement honorés par des rituels vides de toute spiritualité, venait à la rigueur nourrir les manuels de mythologie, mais de « vraie » religion, il ne pouvait être question. Comment les Romains, qui avaient conquis le monde, avaient-ils pu assumer pendant des siècles un système ritualiste et considéré comme vide de sens ? La meilleure preuve de l'inanité de ces « religions païennes » semblait être l'inexorable victoire du christianisme au sein d'un empire qui se serait détourné de ses dieux au profit du vrai Dieu.
De telles conceptions ont été heureusement dépassées et l'approche scientifique des religions a fait le lit des jugements de valeur à connotation apologétique. Il est cependant difficile de comprendre certaines implications de systèmes religieux qui nous restent