Blâme
La nuit dernière, j'ai fait un rêve. J'ai rêvé que la Terre s'était arrêtée de tourner, et j'en étais presque soulagée. Ça peut paraître fou, mais je n'étais pas effrayée. Au contraire, j'étais sereine. Non, pas que je déteste la vie. Je l'aime, la vie. Je ne déteste pas non plus le monde. Non, pas vraiment. Ce que je déteste, c'est ce qu'ils en ont fait. Je déteste la société dans laquelle on vit. Ne m'en voulez pas, moi, je ne suis rien d'autre qu'une enfant désillusionnée. Et je hais les gens. Ne le prenez pas personnellement, ce n'est pas de votre faute, c'est ce que vous êtes, tout simplement. Et je vous déteste, purement. Je vous maudis de tout mon être. Vous n'avez rien fait pour ça. Vous, vous n'êtes que des victimes. Et c'est d'ailleurs pour ça que je vous déteste. Je vomis sur la façon que vous avez de vous faire passez pour des victimes. Vous n'êtes pas victimes de la société. Vous n'êtes pas non plus complice. C'est bien plus triste que ça. Vous êtes des moutons. Vous n'êtes que les petits moutons chétifs d'un monde qui tire à sa fin. Et cette nuit, j'ai rêvé que ce monde n'existait plus. Puis, je me suis réveillée, le sourire aux lèvres, car je vous déteste. Car je déteste cette société dans laquelle on vit. Cette société qui petit à petit nous entraîne toujours plus profondément sous terre, elle nous traîne avec elle, courant vers sa perte. Cette société trop occupée à creuser sa propre tombe pour se rendre compte que l'humanité se meurt. L'humanité souffre, et je souffre avec elle, totalement impuissante. Je regarde le monde courir à sa perte, et je ne peux absolument rien faire. Je n'ai jamais su quoi faire. Moi aussi, je ne suis rien de plus qu'un mouton. Un mouton lucide et cynique, mais un mouton quand même. Depuis longtemps, j'ai laissé tomber mes espérances. J'ai enterré mes rêves d'utopies tellement profondément dans mon âme que je ne me souviens même plus les avoir eu. Aujourd'hui je contemple la Terre d'un œil