Bismark
une politique indépendante en Allemagne
Rapport d’Otto von Bismarck au baron von Manteuffel (mars 1858)
Jusqu’en 1848, la Confédération germanique, quelle qu’ait été son importance au point de vue théorique, n’était en réalité traitée que comme une association des gouvernements allemands contre la guerre et la révolution. En ce temps-là, l’Autriche laissait en général une grande liberté à la politique prussienne en Allemagne, et, comme prix de cette concession, elle pouvait compter sur l’appui de la Prusse dans les questions européennes ; quant aux questions allemandes, le cabinet de Vienne se contentait de veiller à ce que la Prusse n’exploitât que dans de certaines limites le terrain qui lui avait été abandonné. (…)
Depuis la restauration de la Diète, en 1851, le caractère des débats a bien changé. Le prince de Schwarzenberg conçut le projet de donner à l’Autriche, par les moyens qu’offrait la constitution fédérale, l’hégémonie en Allemagne, que la Prusse n’avait pu établir par les assemblées constituantes et ses tentatives d’union. (…)
La grande majorité des gouvernements allemands, effrayée par la révolution et par le danger de se voir enlever par elle une partie de leur souveraineté au profit de la Prusse, s’empressa de s’appuyer sur l’Autriche. (…) Pour entretenir et pour développer ces sentiments, l’Autriche a bien des moyens, dont elle seule dispose.
En première ligne se trouvent les relations personnelles de la plupart des personnages influents et des hommes politiques marquants de l’Allemagne du Sud et, en partie aussi, de l’Allemagne du Nord.
Entraînée par une vieille tradition, la noblesse des Etats de l’Allemagne du Sud et du Centre entre au service de l’Autriche ; la modeste situation qu’elle a dans son pays ne lui ouvre que des horizons fort restreints ; en outre, les efforts et les connaissances nécessaires en Autriche pour obtenir un avancement raisonnable sont moindres