Bioéthique
Même si elles ont pris un tournant particulier avec les modernes et les contemporains, les préoccupations philosophiques sur le langage ne commencent pourtant pas avec eux. D’ailleurs, il nous semble qu’il n’y a pas de langage qui ne soit porteur de philosophie et inversement, pas non plus de philosophie qui ne soit véhiculée dans un quelconque langage. Mais là n’est pas le problème. Autant cela est vrai, autant il faudra aussi reconnaître que l’intérêt accordé au langage par les philosophes s’est fait sentir depuis l’antiquité.
C’est ainsi que ce travail se veut une investigation sur la conception platonicienne de la nature du langage (articulé) telle qu’exposée dans le Cratyle. Il s’agit de savoir si la langue est un système des signes arbitraires ou naturels (démontrant une relation intrinsèque avec ce qu’ils représentent). Autrement dit, les mots entretienne-ils des rapports naturels ou arbitraires avec des choses qu’ils désignent ?
Pour le mener à bon port, ce travail aura une ossature bipartite. Dans un premier temps, nous exposerons le point de vue platonicien sur la problématique sous examen ; en deuxième lieu, nous élaborerons un petit état de la question qui sera suivie d’une conclusion appréciative.
1. Nature de la langue selon Platon Le Cratyle est le premier ouvrage de Platon qui nous offre sa conception du langage. Le débat porte essentiellement sur la nature du langage ou mieux sur « la propriété des noms » selon l’expression utilisée par Platon lui-même. Trois interlocuteurs sont mis en scène ad hoc : Hermogène, Cratyle et Socrate.
Dans leur conversation, deux attitudes se dessinent : d’une part celle de Cratyle qui soutient le caractère naturel de la langue, et d’autre part celle d’Hermogène pour qui la langue n’est rien d’autre que le fruit d’une convention et donc, elle est arbitraire. Et Socrate de se pointer comme trancheur du débat à travers une argumentation aussi bien logique que pertinente.