Bill Viola (1951) est un artiste contemporain et l’un des pionniers de l’art vidéo. Fort de ses rencontres avec son professeur Jack Nelson et David Ross à l’université de New York et de son apprentissage de la musique avec le compositeur David Tudor (assistant de John Cage), il commence à développer son travail autour d’installations mais surtout autour de vidéos et courts métrages dans les années soixante-dix. Son travail est rythmé par l’intérêt qu’il porte aux religions, au mysticisme, à la musique, aux cultures orientales et asiatiques mais surtout, dès 1986, au « passage entre la vie et la mort ». Cette thématique du « passage », Bill Viola va la développer grâce à ses installations mais aussi avec son film The Passing. Dans ce film de cinquante-quatre minutes, Bill Viola aborde sous différents angles la thématique du passage; il conviendra de décrypter le grand nombre de références regroupées dans son film, puis d’analyser quelles techniques il utilise et quels autres questionnements amène cette thématique du passage entre la vie et la mort.

The passing est à lui-même une mine d’or de références dans le domaine de l’histoire de l’Art. En effet, dès les premières minutes de ce film en noir et blanc il est difficile de ne pas faire de rapprochement entre les images jouant sur le grain et les dessins à la mine de plomb de Seurat. Ainsi, parfois les images étant tellement sombres et le grain prononcé on ne distingue pas vraiment ce qui s’y passe, seul un léger filtre de lumière vacille.
Ce dernier élément peut être mis en parallèle avec la perte de clarté et de cohérence de l'image qui est une des caractéristiques du maniérisme. La référence au maniérisme est d’ailleurs récurrente de différentes manières tout le long du film. De plus, le rapport à l’histoire du drapé est important lorsque Bill Viola nous donne à voir une succession de corps recouvert par un drap blanc : lors de la naissance de son fils, lorsque survient le décès de sa mère, puis enfin le