Lorsque nous parvenons à comprendre la succession de deux phénomènes, et que nous la ramenons à une loi nécessaire (c'est-à-dire universellement valable dans les mêmes conditions), alors nous avons une connaissance scientifique de cette succession. Voilà donc ce qu'on peut appeler une « vérité scientifique » : la science considère qu'une théorie est vraie quand elle permet d'expliquer sans exception aucune l'ordre des phénomènes concernés. Mais qu'est-ce qui permet de valider une théorie ? La réponse la plus évidente et la plus simple serait : un protocole expérimental, par avance défini, et réalisé en laboratoire. Mais l'expérience (au sens de l'expérimentation) suffit-elle à établir une vérité scientifique ? Suffit-il que le résultat soit une seule fois conforme aux prédictions de l'hypothèse pour la valider ? Plusieurs fois ? Et même si les résultats se révélaient à chaque fois conformes à la prévision de l'hypothèse, cela suffirait-il pour autant à faire de cette hypothèse une vérité scientifique, c'est-à-dire une loi universelle et nécessaire ?La science a pour but d'expliquer les enchaînements réguliers de phénomènes, tels qu'ils sont constatés par l'observation. Prenons un exemple simple : quand on chauffe de l'eau, elle se met à bouillir à une certaine température, et à passer de l'état liquide à l'état gazeux. L'explication la plus simple, c'est de dire que l'élévation de la température est la cause de ce changement d'état. Le seul moyen de vérifier cette hypothèse, c'est de définir un protocole expérimental qui permette d'en tester la validité. Il s'agira donc de restreindre les paramètres entrant en compte, de les neutraliser pour ne faire varier que la température d'un essai à l'autre. Si nous maintenons une pression constante (à une atmosphère, par exemple), nous constaterons que la température d'ébullition de l'eau est toujours identique, 100 °C. Mais on peut imaginer aussi que la pression joue un rôle dans la détermination du degré d'ébullition :