Dans le premier chapitre de l' Essai sur les données immédiates de la conscience Bergson traite de la variation -et plus précisément de l'accroissement- d'intensité de nos états de conscience dits profonds. Dans les paragraphes qui précèdent il expose et réfute l'opinion problématique du sens commun, qui consiste à comparer en termes de grandeur deux intensités, alors que les faits psychiques sont purement inétendus Mais en quoi consiste alors l'accroissement d'intensité de nos états internes, et qu'est-ce qui nous trompe ? Pour le philosophe l'intensité d'un sentiment dit « profond » correspond à un changement qualitatif de l'ensemble des états psychiques par ce sentiment qui les pénètre, et qui par là se modifie également: c'est un renouvellement de notre vie interne. C'est notre conscience réflexive qui nous induit à traduire cette évolution dynamique en grossissement quantitatif. Avant tout il décrit le processus inconscient par lequel un désir devient une passion profonde et se dit « plus intense », tout en prouvant ses affirmations par le résultant conscient de ce processus , soit par l'expérience commune. Ensuite il explique l'opération qui induit la conscience réflexive en erreur, tout comme les raisons d'une telle démarche.

En un premier moment du texte Bergson part d'un exemple concret: il décrit la variation d'intensité qui fait d'un obscur désir une passion profonde. Si le désir est qualifié d' « obscur » c'est qu'il n'a aucun lien avec l'extérieur et donc avec l'espace: il ne semble être désir de rien, ou mieux, on ne saurait le définir précisément. On pourrait le comprendre comme une intention sans objet identifiable, un sentiment de manque. C'est donc un sentiment simple et pas composé de sensations ou autres sentiments, et qu'on peut dire « profond » en ce qu'il se suffit à lui-même. Si l'auteur considère un tel fait psychique c'est qu'il veut rendre compte de l'intensité pure d'un état psychique, qu' il sera plus aisé de définir où il