Baudelaire, le serpent qui danse
I. L’éloge de la femme ou la réécriture du blason
a) Une déclaration d’amour ou l’expression du désir charnel ?
- L’étude de l’énonciation nous montre dès le premier vers une apostrophe à la femme aimée ; une apostrophe métonymique qui insiste sur la passivité, la nonchalance proche de la lascivité de la femme (« chère indolente ») et le déterminant possessif (« ton corps ») accentue encore l’aspect charnel. Le « je » du poète est bien présent aussi. - Le vocabulaire de l’amour traditionnel n’est pas présent sauf « mon cœur » à la fin.
- La femme n’est évoquée que par son attitude. Double vision entre une femme lascive (voluptueuse) avec le vocabulaire de la paresse et le mouvement marqué par le rythme binaire des quatrains hétérométriques (octosyllabes-pentasyllabes).
b) Célébration du corps
- L’évocation du corps alterne entre la globalisation (« de ton corps, ton corps ») à la parcellisation (« chevelure », « yeux », « bouche », « dents »). Baudelaire est familier de ce procédé qui tend à « vaporiser » le solide en liquide et le liquide en « éther ». Cela ressemble à une dissolution du corps, une sorte de « spiritualisation ».
- Tous les sens sont sollicités : la vue (« que j’aime voir »), l’odorat (« les âcres parfums »), le goût (« vin de bohème amer »), le toucher (« bijoux froids »).
- L’ouïe présente par des sonorités expressives : « et ton cœur se penche et s’allonge » avec des sifflantes en allitérations qui miment le déplacement et des vibrantes : « flots grossis par la fonte des