Baudelaire le serpent qui danse
1149 mots
5 pages
Baudelaire, Les Fleurs du Mal**, « Le Serpent qui danse » « Le Serpent qui danse » est le vingt-huitième poème du recueil. Il suit immédiatement un poème sans titre et cette succession semble aller de soi si l’on observe la première strophe, dans laquelle le verbe « marcher », les mots « serpents » et « bâtons » se trouvent déjà. De composition symboliquement importante, le poème (qui parle d’amour) est composé de 9 quatrains alternant octosyllabes à la rime féminine et pentasyllabes à la rime masculine. Cette alternance vers longs et vers courts peut déjà signifier, à elle seule, le motif de la danse. C’est donc déjà comme si l’union des amants s’affichait dans le texte. Mais le chiffre 9 renvoie aussi aux 9 cercles des Enfers de la tradition chrétienne, que l’on ne manque pas d’associer à l’image maléfique du serpent qui réapparaît constamment dans le poème. Quelle image Baudelaire donne-t-il de Jeanne Duval, qu’il aime lorsqu’il écrit ce poème ? C’est ce que nous verrons en envisageant d’abord l’éloge de la femme, avant de nous intéresser à l’érotisme du texte. I –L’éloge de la femme qui est une incitation au rêve 1/ Une déclaration d’amour Le poète est le « je » qui s’adresse à la femme aimée (« tu »), Jeanne Duval ici. Ce tutoiement indique d’ailleurs une intimité entre eux. Il s’agit d’une proximité dans le vécu, mais aussi dans l’espace. Le poème est marqué par l’emploi d’un lexique affectif important : « chère indolente » intensité amoureuse), « si beau » (intensif - émerveillement du poète). Mais les sentiments sont aussi exprimés par une ponctuation expressive (points d’exclamation à la fin des strophes 1 à 9). Le lyrisme est donc très clair, il s’agit bien d’une déclaration d’amour. 2/ L’éloge du corps de la femme aimée On note une place importante réservée au champ lexical du corps. Le poème se déroule comme le déplacement d’un regard sur le corps de Jeanne Duval, avec un glissement du général au particulier, puis au