Baraka
Il s'immobilisa devant la large porte d'entrée, coinça sa serviette noire sous son bras et, sans plus hésiter, actionna de sa main gantée l'interrupteur d'une sonnerie électrique. Rien ! Pas le moindre " ding ", pas le moindre " dong ", aucun tintement d'aucune sorte. Il renouvela son geste en appuyant plus fort et plus longtemps. Rien !
À l'intérieur du pavillon, Babu entendit le carillon de la porte d'entrée. Mais il se rappela aussitôt qu'il était sourd, un terrible bombardement durant la dernière guerre ayant définitivement anéanti ses tympans. À vrai dire, il ne distingua que le signal lumineux caractéristique indiquant la présence d'un visiteur. Le carillon entendu n'existait que dans sa tête.
D'un effleurement sur une touche ultrasensible sur l'accoudoir de son fauteuil, il télécommanda l'ouverture de la porte d'entrée, sans même demander à qui il avait affaire. Fatale distraction ! Mais il se rappela également qu'il n'aurait pu le faire, car il était muet. Durant la guerre qui avait vu la perte de ses tympans, une balle perdue avait, aussi, malencontreusement trouvé sa gorge et broyé ses cordes vocales. Les paroles qu'il ne prononça pas, il les pensa, tout simplement. À cette heure matinale, cela ne pouvait être que Marthe, l'infirmière. Fatale erreur !
Répondant à la commande électrique, la porte d'entrée s'ouvrit, silencieuse, sur un vestibule désert. L'homme en noir, un moment surpris, entra