Balzac et la petite tailleuse chinoise
Ce dernier fait l’apologie de l’art de lire, de raconter. On retrouve alors cette ambiance féerique des contes, où l’imagination est reine et le conteur est roi. Telle est la sensation que l’on a en lisant ce livre plus qu’ exquis.
Le pouvoir de la lecture est illustré avec brio à travers trois personnages dotés d’une simplicité et d’une naïveté extraordinaire. On se laisse envouter par leur histoire, leurs péripéties, l’amour, la joie et l’espoir que chacun porte en lui. Le lecteur découvre avec patience et envoûtement des sentiments que l’on a perdu, et que l’on ne retrouve plus dans ce monde jalonné de violence, de froideur et d’égocentrisme. Dans ce livre, l'amour est bien autre chose qu'un artifice poétique.
Dai Sijie nous emmène dans un monde où l’homme perd tout, même ses rêves les plus chers, sa famille, ses amis. Ce monde obscur où la lumière peine à y pénétre, n’est tout autre que celui de Mao. Rééduquer les "intellectuels" en les faisant travailler chez les paysans pour les mettre au contact de la dure réalité, telle était alors la politique de Mao. Cette histoire se déroule dans une région perdue de l’Empire de Milieu, dans la montagne du Phénix du Ciel (qui porte bien son nom) dans la province du Sichuan durant les années de la Révolution culturelle en Chine. Deux amis d’environ 18 ans sont envoyés en rééducation l'année 1971, car après trois ans d'études au collège ils ont été considérés comme des « intellectuels ». Ils se connaissent depuis l’enfance et ne se sont jamais disputés, par respect mutuel. Le narrateur a 17 ans au début du récit[], et est plutôt réservé. Son père est pneumologue et sa mère spécialiste des maladies parasitaires. Il joue du violon, son instrument a une