ballade des pendus
Frères humains qui après nous vivez,
N'ayez les cceurs contre nous endurcisr
Ca4 si pitiê, de nous pauvrel avezl
Di.eu en aura plus tôt de vous mercisl.
Vous nous voyez Çi2attachés,c.inq,six :
Quant de3la chair que frop avons nourrie,
E1le est piéçaadêvorée et pourrie,
Et nous, 1esos, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuilie absoudre !
Se frères vous clamonss,pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Parjustice. Tbutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassisG;
Excusez-nousrpuisque sommes transisT,
Envers 1e fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de f infernale foudre.
Nous sommes morts, àlrrrene nous harj.e8,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
'1.. j - : -,
--
:1, Dieu vouspardonneravos péchés
I
plus tôt.
2. Ci attachés : pendus ici.
3;Qriant de: quant à.
4, Piêça: depuislongtemps.
5. Clamons : appelons.
6. Tbus1eshomrnesne sont pas sensés.
/. lransls : mofts.
. 8. Que personne ne nous harcèle.
1.: : g..Débuês: détrempés.
' ::: 10'Cavés; creusés. ::..r.11.,Charfie ; fait bouger est le maître de tous.
.,,,,-12,,Qui
:,:13,Que nous n,ayons pas affaire à
,,
':r : r'. lui
['Eafer] ni ne devions nous
; lt. : .acquitter de rien.
. r 14. N,a : ii n,y a.
La pluie nous a débuéseet 1avés,
Et 1e soleil desséchéset noircis.
Pies, corbeaux, nous ont les yeux cavésto,
Et arracltélabarbe et les sourcils.
Jamais nu1 temps nous ne sommes assis;
Puis çà, puis 1à, comme le vent varie,
À son plaisir sans cessernous charriell,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre I
Prince Jésus, qui sur tous a maistriel2,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
À 1ui n'ayons que faire ne que soudre13.
Hommes, ici n'atapoint de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
FRANçofsVlLLoN,BaIIade, vers 1460