Bac987675
Rachid Boumahdi (*), Jean Michel Lattes (**), Jean Michel Plassard (***)
La mise en perspective de la discrimination sur le marché du travail à travers deux disciplines, le droit et l’économie, révèle des différences et des complémentarités. De fait, la discrimination pour le juriste n’est pas toujours totalement identifiable à celle révélée par l’économiste et les analyses du phénomène comme les moyens utilisés pour les combattre peuvent ne pas totalement converger. Un accord semble exister pour ne pas imputer à une seule cause les effets d’un phénomène particulièrement complexe. Les critères de légitimité avancés par les juristes ne sont pas systématiquement déconnectés de la position d’efficacité défendue généralement par les économistes. Pour les questions de politique proprement dit, les deux approches sont susceptibles d’enrichir le champ de la recherche de la lutte contre les discriminations.
La discrimination sur le marché du travail demeure un phénomène social important malgré l’arsenal juridique et politique répressif mobilisé dans la plupart des pays développés comme dans les institutions internationales. Les succès mitigés obtenus attestent de l’existence de difficultés spécifiques que l’on étudie ici par la mise en perspective des approches économique et juridique. Il s’agit, par le biais d’une lecture croisée, de montrer dans leur complémentarité et leurs divergences la perception de ces deux approches. La difficulté de définir le concept même de discrimination oblige le chercheur à comparer des situations dont les contours ne sont pas nécessairement les mêmes. Le balayage rapide de la diversité des normes (cf. encadré 1) montre que la question n’a pas constitué une priorité dans l’agenda de la construction du droit social national ou international. Pour l’économie, à l’exception d’un article isolé d’Edgeworth en 1922, il faudra attendre 1957 pour avoir avec