Autrui
Sous les murs, la haine ?
Publié avec le soutien du service de l’éducation permanente de la Communauté française
Pax Christi Wallonie-Bruxelles
Sous les murs, la haine ?
Dans son récent essai intitulé Le dérèglement du monde, Amin Maalouf part d’une réflexion sur l’événement qui a changé le visage de l’Europe et au-delà, en 1989 : « A la chute du mur de Berlin, écrit-il, un vent d’espoir avait soufflé sur le monde. La fin de la confrontation entre l’Occident et l’Union soviétique avait levé la menace d’un cataclysme nucléaire qui était suspendue au-dessus de nos têtes depuis une quarantaine d’années ; la démocratie allait désormais se répandre de proche en proche, croyions-nous, jusqu’à l’ensemble de la planète ; les barrières entre les diverses contrées du globe allaient s’ouvrir, et la circulation des hommes, des marchandises, des images et des idées allait se développer sans entraves, inaugurant une ère de progrès et de prospérité. Sur chacun de ces fronts, il y eut, au début, quelques avancées remarquables. Mais plus on avançait, plus on était déboussolé »1. Des murs qui se déplacent Amin Maalouf parle de cette évolution, non comme d’un espoir déçu, mais comme d’une « victoire trompeuse », ce qui est bien autre chose. La chute du mur de Berlin, et tout ce qu’elle représente, fait légitimement figure de victoire : en 1989, beaucoup d’européens qui avaient connu la 2ième guerre mondiale disaient qu’ils n’auraient pas cru pouvoir assister à cet événement « de leur vivant encore ». Pourtant, il a bien eu lieu, mais ce qui s’en est suivi a surpris ce qu’on avait « cru », comme à revers. Les perspectives initiales se sont muées en trompe l’œil et, depuis lors, les crises qui se succèdent exploitent à fond cet effet de désorientation. L’Europe n’est plus « coupée en deux » par un mur, signe d’un monde divisé entre deux « blocs », mais d’autres « murs » sont venu signifier que de nouvelles formes de coexistence et d’élaboration d’un monde