Autoportrait au passeport juif (1943)

Cette peinture est probablement la plus célèbre de Félix Nussbaum.
Dans cet autoportrait, il donne à voire sa plus grande peur : celle d’être un jour arrêté. Elle a été peinte alors qu’il est déjà entré dans la clandestinité (depuis sa fuite de saint Cyprien en 1940) et de manière singulière la signature du tableau se trouve sur la carte d’identité.

Dans ce tableau on peut apercevoir Félix Nussbaum entouré de murs gris, sous un ciel tout aussi sombre dans lequel tournoient des oiseaux noirs. A regarder de plus prés, on réalise que le peintre est dans une impasse et qu’il est dans l’impossibilité de s’échapper. Il pose sur le spectateur un regard inquiet, un regard de coté. Il remonte son col à la manière d’un homme pourchassé (ce qu’il est à cette époque !) pour présenter une étoile jaune comme il l’aurait fait devant la gestapo. Il présente aussi sa carte d’identité sur laquelle son lieu de naissance est effacé, il est dit sans nationalité et sont imprimés en rouge les mots « juif jood » L’emplois de ces termes rappelle alors le fait qu’il est réfugié en Belgique.

• D’un point de vue technique, Félix Nussbaum a partagé sa toile en trois parties. Les 2/3 représentent le premier plan de la peinture ou le personnage domine le champs de vision. Le tiers restant (en haut derrière le mur) correspond au second plan. • Le personnage est peint de manière à former une pyramide (la forme du chapeau étant rectangulaire). Ainsi l’oeil est entraîné à regarder vers le haut (vers l’espoir) • La seule note d’espoirs de ce tableau est la branche d’arbre fleurissante à l’extérieur du mur. • Les couleurs utilisées sont très sobres : beaucoup de marron et de gris. De l’ocre aussi. • On peut sentir l’angoisse de Nussbaum quand il peint ce tableau à travers les différents éléments de l’œuvre. - aucune source de lumière - le mur qui emprisonne le personnage - le regard très poignant et angoissant -