Autocaricature de marcel proust
— Oui, Bergotte était là, répondit M. de Norpois, inclinant la tête de mon côté avec courtoisie, comme si dans son désir d’être aimable avec mon père, il attachait tout ce qui tenait à lui une véritable importance et même aux questions d’un garçon de mon âge qui n’était pas habitué à se voir montrer tant de politesse par des personnes du sien. Est-ce que vous le connaissez? ajouta-t-il en fixant sur moi ce regard clair dont Bismarck admirait la pénétration. (implique que le maréchal Bismarck connaissant Norpois )
— Mon fils ne le connaît pas mais l’admire beaucoup, dit ma mère. (Proust ne répond pas, c’est sa mère qui le fait pour lui)
— Mon Dieu, dit M. de Norpois (qui m’inspira sur ma propre intelligence des doutes plus graves que ceux qui me déchiraient d’habitude, quand je vis que ce que je mettais mille et mille fois au-dessus de moi-même, ce que je trouvais de plus élevé au monde, était pour lui tout en bas de l’échelle de ses admirations), je ne partage pas cette manière de voir. Proust va découvrir que Bergotte qu’il admire tant, n’est pas aimé de Norpois, alors que dire du petit texte que Proust avait remis à Norpois…. ? Bergotte est ce que j’appelle un joueur de flûte; il faut reconnaître du reste qu’il en joue agréablement quoique avec bien du maniérisme, de l’afféterie. Mais enfin ce n’est que cela, et cela n’est pas grand’chose. Jamais on ne trouve dans ses ouvrages sans muscles ce qu’on pourrait nommer la charpente. Pas d’action — ou si peu — mais surtout pas de portée. Ses livres pèchent par la base ou plutôt il n’y a pas de base du tout. Dans un temps comme le nôtre où la complexité croissante de la vie laisse à peine le temps de lire, où la carte de l’Europe a subi des remaniements profonds et est à la veille d’en subir de plus grands encore peut-être, (la première guerre mondiale n’a pas