Aujourd’hui Papa m’a tuée. J’aurai préféré écrire aujourd’hui Maman est morte, ça aurait été plus simple. Moins de truc à régler. Enfin, il m’a pas réellement tué, pas physiquement. C’est juste que ce jour là tout à changer, il m’a regardée puis il m’a frappée.
« Ca faisait longtemps que tu le méritais ça, faut bien que quelqu’un te remette dans le droit chemin. T’es plus une fillette maintenant »
« Pauvre con. »
La fillette a pris son sac et s’est barrée, ouais j’étais plus une fillette maintenant, j’étais plus, je suis plus. Une fillette fragmentée d’une finesse fructueuse, ils n’avaient jamais accepté le côté fragmenté-fragile et fructueux. C’était trop complexe, pas assez simple, nous dans la famille, du moins ce qui servait de famille auparavant on aimait la simplicité, alors il a replacé la fragmentation dans le droit chemin, l’unique, le bon. Comme il disait.
Partir c’était plutôt facile, le plus dur c’était de ne pas revenir, de résister à tous ces discours d’adultes raisonnables, de dire à mon frère en pleurs au téléphone que non je ne viendrai pas à son repas d’anniversaire mais que c’était pas grave, qu’il fallait qu’il s’amuse quand même . Qu’est-ce qu’ils m’ont saoulé tous ces putains d’adultes. Fallait aussi renoncer aux rêves d’enfance, alors non je ne partirai pas aux Bahamas avec eux cet été, je ne verrai plus mon cheval, et puis Noël ça ne sera plus une fête de famille mais juste la naissance du Christ. Des fois on complique tout, noël ça a toujours était la naissance du christ de toute façon, alors ça changeait pas