Au delà du melting-pot : une déconstruction du mythe bellevillois
Dans un système politique électif, républicain et assimilationniste, la règle du jeu consiste à briser les cadres communautaires, et faire disparaître les particularismes culturels et religieux afin d’exalter une France une et indivisible. Au milieu de tout cela, Belleville semble faire figure d’exception. A se promener dans ses ruelles, Belleville miroite un cadre idyllique d’échanges inter-ethniques et de promiscuité culturelle. En effet, le quartier est emprunt des cultures distinctes de ses habitants (juifs, arabes musulmans, africains sub-sahariens et de plus en plus de chinois). Cependant, et malgré cette diversité ethnique indéniable, Belleville demeure selon les mots de Patrick Simon, une « fragile mosaïque ».
En me basant principalement sur les travaux de Patrick Simon, ce qui suit consistera à tenter de mettre en exergue ce qui fait de Belleville une terre emprunte de diversité culturelle d’une part, mais aussi une « fragile mosaïque » d’une autre part, nuançant le mythe idyllique qu’on lui attribue. Les relations inter-ethniques s’y font dans un repli communautaire réel résultant d’une hiérarchisation à caractère historique.
I- Belleville : Terre d’Asile
Malgré qu’il soit perçu comme carrefour des immigrations, il est impossible d'allouer au quartier de Belleville un caractère ethnique particulier. Belleville n’est ni Chinoise, ni Juive, ni Arabe, ni Kabyle ; Belleville est tout à la fois, un quartier d’immigration. Cette particularité pluriethnique du quartier est le résultat de décennies de vagues d’immigration, dont la succession contribua de fil en aiguille à créer le quartier d’aujourd’hui, en constante évolution. Ainsi, la construction de Belleville ne peut se faire en dehors d’un raisonnement historique puisque le passé et le présent s’y entremêlent et s’y confondent. Ce qu’on ne sait pourtant pas c’est que jusqu’au début du XXe siècle, le quartier était le plus parisien de la capitale. En 1891, 52% des