Au bonheur des dammes, mouret et son magasin
Force est de constater d’abord l’habileté de Zola à peindre les foules et l’atmosphère des grands magasins.
En effet, le mouvement exceptionnel d’une journée de grande vente est particulièrement mis en valeur dans ce passage. D’abord, Zola présente la clientèle de façon générale et anonyme à l’aide de nombreux pluriels : « les ombres noires », « les mères », « toutes », « les âmes » et « les dévotes ». Ces femmes sont donc perçues davantage comme un groupe que de façon individuelle. De plus, la clientèle est réduite à l’anonymat par l’utilisation du pronom indéfini « on » et de formules globalisantes telles que « peuple de femmes » ou bien encore « la femme » pour désigner toute la gente féminine qui se rend chez Mouret. Toutes ces notifications mettent en évidence la foule qui se presse dans le magasin. Par ailleurs, cette affluence de la clientèle trouve un équivalent dans l’agitation et le désordre qui règne dans ce lieu. On trouve en effet un champ lexical étendu du mouvement : « la vigueur », « De longs remous brisaient la cohue… roulant la houle. », « le saccage ». Pour mieux dépeindre ce mouvement ample de la foule, Zola renforce ce champ lexical à l’aide d’une métaphore maritime éloquente, comparant le mouvement à des « remous (brisant) la cohue ». De plus, l’usage d’une double allitération (R et L) ainsi que de l’assonance en « OU » dans l’expression « roulant la houle » donne à la clientèle l’image d’une vague déferlante. Enfin, la phrase finale souligne davantage encore l’ampleur du mouvement qui s’étend à tous les rayons : « il les voyait…s’entêter au travers de l’énorme charpente métallique, le long des escaliers suspendus et des ponts volants ».
La scène ainsi décrite nous donne véritablement l’image d’un champ de bataille. Zola met aussi en évidence le portrait de Mouret dans le texte, de manière à le valoriser. En effet, ce passage donne à Mouret une image de supériorité à sa clientèle, et met en valeur son commerce