Au bonheur des dames
Zola
Zola est à Paris à la fin des années 1850 et il a pu voir la ville changer, observant le percement des grandes artères conçues par Haussman. Au Bonheur des Dames est le poème de l’activité moderne, la fulgurante ascension d’un grand magasin, le « colosse » qui écrase les petits commerces. Les principaux acteurs de cette intrigue du 11e volume de la série « Rougon-Macquart » sont Octave Mouret et Denise. Lui est le fils aîné de François Mouret (petit -fils de Adélaïde Fouque) et Marthe Rougon, elle est presque sans histoire.
Plus précisément, Octave a compris cette activité moderne et se jette dans les affaires avec gaîté et vigueur, exploitant la coquetterie de la femme et lui bâtissant un temple à sa gloire. Denise est honnête, courageuse, simple, miséreuse à ses débuts, elle lutte pour se faire une place, ce qui fait d’elle un véritable modèle de dévouement.
Mouret incarne en quelque sorte « l’homme-machine ». Il ne freine pas sa prodigieuse invention quand chaque petit commerce tombe un à un à ses pieds, causant des morts et des faillites sur son passage. Il veut toujours plus, toujours plus grand, en ce qui concerne son magasin. Il ignore chaque commerçant qui tente vainement de lui résister, comme mu par la folie des grandeurs.
L’hérédité n’est pas vraiment caractéristique des personnages principaux, mais bien des personnages secondaires, comme la tante de Denise. Elle est anémique, blafarde et faible, et sa fille l’est encore plus. Elles sont les premières victimes du magasin, car elles sont mélancoliques de ne vendre plus rien.
Denise évolue sous l’influence du milieu commercial du grand magasin. A maintes reprises il est question de la femme qui s’éveille en elle. Elle s’affine, et Mouret trouve que son insignifiance d’autrefois devient un charme d’une discrétion envoûtante, elle le rend fou. Auparavant elle n’était qu’une pauvre fille mal habillée et discrète. Façonnée par la petite bourgeoisie qu’elle côtoie, la