Le 20ème congrès de la psychiatrie sociale à Marrakech, l’Organisation Mondiale de la Santé a pointé du doigt les stigmatisations et les marginalisations que subissaient les malades mentaux et leurs proches[1]. En effet, certains présupposés à propos de ces maladies sont encore nombreux dans l’esprit des gens « normaux ». C’est dans ce contexte que nous étions invités à disserter sur le sujet suivant : Comment l’asile affecte-t-il la vie et la personnalité des reclus ? Et afin de nous aider, nous devions soutenir notre thèse par la lecture du livre du sociologue américain Erving Goffman (1922-1982), Asiles, Etudes sur la condition sociale des malades mentaux[2], paru en 1961. Ce livre est un regroupement de quatre études portant principalement sur la vie sociale des reclus, et plus précisément sur la vie sociale des internés dans les hôpitaux psychiatriques. L’auteur a, pour illustrer sa thèse, passé un an parmi les malades de l’hôpital psychiatrique américain, Saint-Elisabeth. Les malades mentaux sont ainsi décrits et étudiés comme le ferait un ethnologue « qui rend justice à la culture étrangère en refusant de la défigurer par [ses propres] indignations ou [ses propres] rationalisations. »[3] . En effet, bon nombre de sociologues ont, inconsciemment ou non, volontairement ou pas, pris position sur la question des maladies mentales, en gardant l’objectivité des psychiatres, ce qui a contribué à la marginalisation des malades mentaux dans les milieux scientifiques. L’objectif d’une telle étude est donc de proposer un nouveau point de vue sociologique sur le monde de l’asile. On peut définir un asile, ou hôpital psychiatrique comme étant un établissement qui soigne les individus atteints de maladies mentales (schizophrénie, pyromanie, dépression…). Dans le sujet, il ne désigne pas que l’établissement, mais aussi la personne morale : les personnes qui dirigent l’établissement et qui soignent les malades mentaux. On trouve par exemple les psychiatres, les infirmiers…