Artaud et la russie
UFR de Littérature française
Métaphysique d'Artaud
Exposé de Master 1
par
Anastasia Bushueva
Année universitaire
2011-2012
I
En URSS les premières études sur Antonin Artaud sont apparues dans les années 80, c'était un essai « Théâtre oriental de Antonin Artaud » (1985) du sinologue, spécialiste de la philosophie de la Chine Ancienne, Vladimir Malyavin qui parlait du rapport entre la conception du vide d'Artaud et la philosophie taoïste. Trois ans plus tard, le philosophe Merab Mamardashvili a donné un discours mémorable – « Comment je comprends la philosophie » à l'Université de Tbilissi. Dans une partie de ce discours il parle de la métaphysique d'Artaud. « Je ne suis pas un spécialiste du théâtre. Quant à la métaphysique, personne ne peut dire qu'il est spécialiste de celle-là, même s'il en faisait toute sa vie. Peut-être, si j'explique comment moi, le philosophe, j'ai rencontré Artaud, tout serait plus clair. Je l'ai rencontré dans la position du penseur dans la culture actuelle, dans l'acte même de la pensée, ce qui est un point à l'ordre du jour ». Pourtant, il existe un problème de l'impossibilité d'exprimer ses propres pensées, de les transformer dans les paroles et dans les images concrètes. Cette impossibilité entraîne l'impossibilité de la vie en général, l'incapacité à vivre la vie clairement, entièrement. Mamardashvili explique ce point par l'exemple de la vie et de l'œuvre de Simone Weil qui a vécu presque le même drame que celui d'Artaud. Weil appelait la base de son épreuve l'impossibilité de la vie. Dans la philosophie cela veut dire : la vie elle-même est quelque chose d'impossible ou c'est une certaine impossibilité possible. Dans sa Poétique Aristote introduit la notion de catharsis qui unit tous les sens ensemble et ne donne de véritable sens à