art et engagement
Art et réalité : http://lyc-sevres.ac-versailles.fr/eee.intertice09.php
« Le poète ne fait rien. Il se laisse dire la chose, il laisse même la chose se dire ellemême à lui, redoutant dès lors du langage qu’il en dise trop ou trop peu, jusqu’au moment, qui arrive ou non, où la chose elle–même devient parole. »1
Introduction
On se souvient que Aristote, dans la Physique, explique que l’art imite la nature. Mais il veut plutôt dire que l’art imite la façon dont la nature procède, comme l’indique le texte de la Physique (livre
2) : « Si les choses naturelles n’étaient pas produites par la nature seulement, mais aussi par l’art, elles seraient produites par l’art de la même manière qu’elle le sont par la nature (…) Maintenant, d’une manière générale, l’art, ou bien exécute ce que la nature est impuissante à effectuer, ou bien l’imite »2
Si l’œuvre est à l’œuvre en tant qu’elle est imitation ou reproduction ou simulation de la vie naturelle [ car, pour Aristote, est dite naturelle une chose qui a en elle-même le principe de son propre mouvement], cela signifie pourtant qu’elle n’a pas directement la vie en elle, qu’elle se donne seulement comme la réalisation ou comme la manifestation de la vie de l’artiste, ou de la vie de la nature en tant qu’elle est en acte dans l’âme vivante de l’artiste.
Mais comment une œuvre qui est une chose pourrait-elle réaliser la vie et l’immanence de l’action naturelle autrement que comme imitation ? Comment la peinture, par exemple pourrait-elle refaire l’action sinon sur le mode de l’imitation ou du symbole ? Comment la statuaire même pourrait-elle imiter la vie du corps vivant sinon en figeant et en fixant, d’une manière mimétique, le mouvement lui-même ?
L’analyse d’Aristote est sur ce point pleine de mystère ; car, dans la Poétique, il revient sur cette puissance mimétique de la tragédie et de la comédie, et il montre que l’imitation de