Argumentation , histoire des deux indes
L'introduction prend aussitôt le ton de l'invective pour mettre en garde les usagers de la violence contre le retour légitime de celle-ci à leurs dépens. Le ton, violemment polémique, fait habilement glisser l'adresse au récepteur du "vous au "tu", interlocuteur typique qui prendra ponctuelement la parole, rendant manifeste le passage d'un argument à l'autre.
Son premier argument ("mais") prétend justifier l'esclavage par l'ancienneté de la pratique. Après une rapide concession ("je le veux"), à la suite d'une série de questions rhétoriques, que les coutumes ne se légitiment pas par leur universalité mais par leur respect de la justice.
Une deuxième objection ("mais") prétend s'appuyer sur l'évolution des lois esclavagistes en faveur du respect de la vie humaine. Une nouvelle concession ("il est vrai") donne plus de force encore à une réfutation ("mais") qui affirme l'impunité des meurtriers d'esclaves, prouvant l'inapplication de ces lois.
Enfin, l'avant-dernier paragraphe, où cette tactique de concession/réfutation reste implicite, établit en un dernier argument l'inhumanité foncière d'une condition qui retire à l'esclave la jouissance de sa propre vie, fût-elle préservée.
Une rapide conclusion, amorcée d'ailleurs par le paragraphe précédent qui annulait toute validité au "droit d'esclavage", donne parole entière au "je", décidé à abhorrer une espèce humaine qui continue à reposer sur semblable exploitation.
Ce texte repose donc sur une stratégie efficace qui consiste à condamner point par point, par la rigueur du raisonnement, une pratique qui prétendait trouver des assises juridiques. Le plan dialectique trouve sa force dans la situation du dialogue qui permet en de rapides concessions d'écouter l'adversaire et de mieux prouver