« On honore la vieillesse mais on ne l’aime point ». Cette phrase de Diderot traduit aisément la ségrégation actuelle que j‘ exècre le plus : l’âgisme. Cette discrimination est affligeante. Si nous avons peu de conscience au point de rejeter des êtres pour un cheveu blanc, un dos quelque peu arqué, une dent en or ou un visage flétri, comment pouvons nous clamer la supériorité de notre esprit ? J’éprouve une virulente inimitié pour ces personnes trop faibles d’esprit. Nous devons dignité, respect, considération à ce troisième, voire ce quatrième âge. On ne cesse de médiatiser bêtement la supériorité économique de la Chine. Je vous ferais donc vainement prendre conscience de la pensée confucianiste, empreinte d’un respect inéluctable envers les « anciens », inhérente à l’empire du milieu. Et l’Occident ? Ah ce cher vil Occident ! Il abrite des tensions générées par l’âge. De tout temps les personnes âgées sont sujettes à une stigmatisation massive. Effectivement, à travers Le Père Goriot, Balzac dénonce le déplorable comportement de la population envers un homme usé par la vie : il n’est considéré que par la fortune qu’il peut apporter à ses filles. Seule la compassion de Rastignac atténuera la douleur morale et la solitude du père Goriot avant sa mort. De plus, cette discrimination est irrationnelle, absurde. Pour ceux dont le front est bas, la vieillesse est synonyme de mort, solitude, repliement, mort psychique, oubli, retour à l’enfance, de mal incurable. Abjection. Mépris. Il faudrait avoir un esprit déficient pour approuver à tort ces stéréotypes. Gérard Depardieu affirmait dans Le Monde que nous pouvons être « heureux et vieux ». Effectivement, combien de personnes âgées sont heureuses encore aujourd’hui ? Dans une étude réalisée du 23 au 30 juin 2010, par l’Ifop sur 600 français, retraités depuis cinq ans, on constate que 91 % sont satisfaits de leur retraite. Ne dit-on pas « Le bonheur commence à 50 ans ? ». L’absence d’un minimum de réflexion