Architecture
La Charte d’Athènes, Le Corbusier (1957)
Dans un manifeste en quatre-vingt quinze points, à l’argumentation presque lapidaire, Le Corbusier dépeint « l’image du chaos » régnant dans les villes qui en croissant n’ont pas cherché à « satisfaire aux besoins primordiaux biologiques et psychologiques de leur population » et redéfinit à partir de ces observations de nouvelles exigences urbaines.
La ville doit croitre avec des règles et les quatre fonctions que sont « habiter, travailler, se recréer, circuler » constituent les clefs d’un urbanisme au service de l’épanouissement de l’Homme. La ville se doit d’assurer « l’espace, l’air pur et le soleil» et sa viabilité est dictée par celle du « noyau initial de l’urbanisme » qu’est la cellule d’habitation. Cette dernière ne doit être régie que par l’échelle humaine comme toute chose dans le dispositif urbain.
La Chartes d’Athènes est pour l’un des plus grands théoriciens du XXe siècle l’occasion de dresser un tableau alarmant d’une vie urbaine qui peut paraître synchronique près d’un demi siècle plus tard. Au delà de la nouvelle page qu’elle a tourné vers un « esprit nouveau », certaines problématiques qui y sont abordées semblent presque d’actualité et relèvent de préoccupations urbaines contemporaines. La description des voies ferrées comme un obstacle dans la ville n’était-elle pas prémonitoire des nombreuses zones d’aménagement concerté qui aujourd’hui tentent de refermer ou d’atténuer ces brèches urbaines ? Et la banlieue n’est elle pas encore de nos jours un « symbole à la fois du déchet et de la tentative » ?
La Charte d’Athènes constitue une référence incontournable, au caractère fondamentalement visionnaire et révolutionnaire et qui a profondément marqué la production urbanistique et architecturale de l’après guerre et dont l’impact se ressent encore de nos jours.