Apologue
37). Selon Littré, la parabole est un apologue contenu dans l’Écriture sainte1. Aussi, dans les ouvrages critiques consacrés au conte voltairien, les notions de « parabole » et d’« apologue » sont employées synonymiquement2. En tant que parabole, le conte voltairien illustre sous une forme romancée une idée ou une thèse qui n’apparaît qu’au « second degré » et qui attend d’être interprétée, « déchiffrée » par le lecteur averti. Celui-ci doit faire abstraction de la situation du récit, particulière et individuelle, et se former une idée de caractère général, souvent allégorique, qui vient « de haut » (Durand, 1964). Et le récit prend alors les dimensions d’un genre. Le sens allégorique de la parabole est souligné surtout par les poétiques traditionnelles (Sławiński, 1988 : 412). Selon la conception de la poétique cognitive, la parabole, qui est la projection de l’histoire, devient une représentation de la signification de l’œuvre. La poétique cognitive conçoit les personnages et la narration parabolique comme emblèmes d’une réalité extérieure à l’univers de l’œuvre (Stockwell, 2006 : 180). Les personnages de Voltaire, tels Candide, Memnon, Zadig ou l’Ingénu, réduits à une qualité, se prêtent bien à une telle lecture – chacun serait l’emblème d’une idée. La parabole relève d’un discours métaphorique. Porteuse d’un sens nouveau, elle évoque, au-delà du récit, une réalité et un sens supérieurs, renvoie aux idées et aux vérités morales de caractère universel. L’enseignement par la parabole, utilisé largement dans l’écriture biblique, est ainsi la « traduction » de cet ordre supérieur en termes communs, familiers et accessibles à l’esprit.
L’analyse du langage dont se sert la parabole exige des instruments spécifiques, car l’étude des paraboles est une herméneutique qui doit tenir compte du caractère du texte (biblique, philosophique, etc.). Selon les règles de l’herméneutique, on doit en premier lieu comprendre le texte, ensuite