antigone
Est-elle folle ? Est-elle monstrueuse ? Est-elle sublime ? La « pure » Antigone appelle le martyre comme d'autres l'extase amoureuse ! Elle choisit d'être enterrée vive après avoir clamé son appartenance au monde des morts. Le lecteur de Sophocle est fasciné par l'absolu – par la violence ?- de la position morale de la fille d'Œdipe pour qui le désir coïncide avec une loi suicidaire ? N’est-elle que le porte-parole d’une loi divine qui s'oppose à la loi humaine représentée par Créon ? N'est-elle que le défenseur du droit du frère – ou du père – à obtenir d'être reconnu dans son humanité – inhumé – au-delà de la mort ? N'est-elle que le regard d'un père en exil, aboli ? N'est-elle que l'héritière des passions incestueuses de ses parents et de la malédiction de sa lignée ? Depuis l’espace antique, Antigone continue de nous faire signe, d’ébranler nos certitudes, de renverser nos valeurs, de représenter l’irreprésentable.
La question d'Antigone, telle que posée par le génie de Sophocle, n’est-elle pas sans cesse relancée. Qu'est-ce à dire ? Sinon qu’elle personnifie l'inédit de notre rapport à la mort, la nôtre tout aussi bien que celle de ceux qui nous ont précédés et dont nous ne savons rien. Antigone est inhumaine comme seul le surmoi archaïque peut l’être. C’est une voix qui désigne le néant comme étant son objet. Jouis, dit-il, meurt ! N'est-ce pas encore l’envers du désir pur, incestueux qui traverse la culture et dont nous ne voulons