Antigone de Sophocle, d’Anouilh ou de bien d’autre… Ecrite et réécrite mais elle reste une seule et même histoire, modelée et remodelée de différentes manières. Et pourtant l’Antigone d’Anouilh diffère des précédentes, il dira « L’Antigone de Sophocle lue et relue et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l’ai réécrite à ma façon ». Cette désacralisation du mythe connaîtra cependant nombre d’opposition. Maintenant faut-il accorder une portée politique à cette pièce ? La question reste sans réponse plausible. Anouilh ne prit officiellement part ni à la Collaboration ni à la Restistance. Car même si elle fut écrite durant les années noires (1944), les indices inculpant Anouilh restent sans preuves. En effet Antigone, issue du mythe d’Œdipe, le roi aveugle, relate l’histoire de la jeune rebelle effrontée, dont la mort n’est pas source de crainte : c’est Antigone née de la malédiction oedipienne, une malédiction qui s’achève par un destin funeste teinté par la mort. Polynice et Etheocle, frères de la jeune princesse et victimes eux aussi de la malédiction, se confrontent lors d’une bataille qui chevillera leur destin à celui de la mort. Créon leur oncle promit au trône, attribuera à Polynice le rôle de révolté et d’effronté tandis qu’il parera Etheocle de qualités de héros. L’un se verra ensevelie et récompensé de louanges, tandis que l’autre sera condamné à pourrir sous les yeux horrifiés des Thébiens. Antigone, dotés de nobles valeurs, s’indigne devant un tel châtiment. Ces principes l’ordonnant à tout prix de promouvoir son rôle de sœur en attribuant à son défunt de frère une sépulture descente. Dans son combat face à la mort, elle est confrontée au châtiment de son oncle, à la perte de son amant Hémon, aux pleurs de sa nourrice et aux supplications de sa sœur Ismène. Mais les tentatives de la raisonner restent vaines. Elle prenait son sacrifice pour conviction