Anthorpologie structurale
sciences sociales, est-elle, elle-même, une science sociale? Oui, sans doute, puisqu'elle s'occupe de groupements humains.
Mais étant — par définition — une « science de l'homme, » ne se confond-elle pas avec les sciences dites humaines?
Et par celle de ses branches connue sous le nom d'anthropo- logie physique presque partout (mais dans plusieurs pays européens, sous celui d'anthropologie tout court) ne relève- t-elle pas des sciences naturelles? Nul ne contestera que l'anthropologie offre ce triple aspect. Et aux États-Unis, où l'organisation tripartite des sciences est particulièrement poussée, les sociétés d'anthropologie se sont vu reconnaître le droit d'affiliation aux trois grands conseils scientifiques dont chacun régit un des domaines qu'on vient de distinguer.
Mais on peut, semble-t-il, préciser la nature de cette triple relation. Considérons d'abord l'anthropologie physique : elle s'occupe de problèmes tels que celui de l'évolution de l'homme à partir de formes animales ; de sa distribution actuelle en groupes raciaux, distingués par des caractères anatomiques ou phy- siologiques. Peut-on, pour autant, la définir comme une étude naturelle de l'homme? Ce serait oublier que les dernières phases, au moins, de l'évolution humaine — celles qui ont différencié les races à'homo sapiens, peut-être même les étapes qui ont conduit jusqu'à lui — se sont déroulées dans des conditions fort différentes de celles qui ont régi le dévelop- pement des autres espèces vivantes : dès que l'homme a acquis le langage (et les techniques très complexes, la grande régularité des formes qui caractérisent les industries préhis- toriques, impliquent que le langage leur fût déjà associé, pour en permettre l'enseignement et la transmission) il a lui-même déterminé les modalités de son évolution biologique, sans en avoir nécessairement conscience. Toute société humaine, en effet, modifie