anthologie
L'amant désespéré
Forêts solitaires et sombres,
Je viens, dévoré de douleurs,
Sous vos majestueuses ombres,
Du repos qui me fuit respirer les douceurs.
Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ;
Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur :
Ce silence imposant, ces lugubres asiles,
Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon cœur.
Arbres, répondez-moi !... Cachez-vous ma Sylvie ?
Sylvie, ô ma Sylvie !... Elle ne m'entend pas.
Tyrans de ces forêts, me l'auriez-vous ravie ?
Hélas ! je cherche en vain la trace de ses pas.
Pierre de MARBEUF (1596-1645)
À Philis
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Lorsque les jours sont longs en mai
Interprétation par Maurice des Ulis (l'original suit)
Lorsque les jours sont longs en mai
M'est beau doux chant d'oiseaux de loin
Et quand je suis parti de là
Me souvenant d'amour de loin
Vais de désir front bas et clin* (* incliné)
Ainsi chants ni fleurs d'aubépine
Me plais(ent) plus que l'hiver(nale) gelée
Jamais d'amour me réjouirai
Si ne jouis (de) cet amour de loin
Que mieux ni meilleur ne connais
Vais nulle part ni près ni loin
Tant est son prix vrai et sûr
Que là devant les Sarrasins
Pour elle être captif (je) réclame
Triste et joyeux m'en partirai* (* éloignerai)
Quand verrai cet amour