Anthologie

Je trahirai demain Je trahirai demain, pas aujourd'huiAujourd'hui, arrachez-moi les onglesJe ne trahirai pas !
Vous ne savez pas le bout de mon courage.Moi, je sais.Vous êtes cinq mains dures avec des bagues.Vous avez aux pieds des chaussures
Avec des clous.
Je trahirai demain. Pas aujourd'hui,Demain.Il me faut la nuit pour me résoudre.Il ne me faut pas moins d'une nuitPour renier, pour abjurer, pour trahir.Pour renier mes amis,Pour abjurer le pain et le vin,Pour trahir la vie,Pour mourir.
Je trahirai demain. Pas aujourd'hui-La lime est sous le carreau,La lime n'est pas pour le bourreau,La lime n'est pas pour le barreau,La lime est pour mon poignet.
Aujourd'hui, je n'ai rien à dire.Je trahirai demain
Marianne Cohn, novembre 1943
J'ai choisi ce poème car il exprime des faits vécus dans la vie, il traduit bien les moments où l'on se remet en question.
Je vous salue Vous les fouilleurs de poubellesles infirmesaux moignons crasseuxles borgnesles hommes rampantsvous les maraudeursles gamins des taudisje vous salue.Quel fardeau portez-vousen ce monde immondeplus lourd que la villequi meurt de ses plaies?Quelle puissancevous lie à cette terre frigidequi n'enfante des jumeauxque pour les séparer?Qui n'élève des buildingsque pour vous écrasersous les tonnes de bétonet d'asphalte fumant?Vous les mangeurs de restesles sans-logisles sans-abriQuel regard portez-voussur l'horizon en feu? Véronique Tadjo, 1984
J'ai choisi ce poème car il représente parfaitement la situation actuelle des SDF ou des victimes d'attentats. Il nous fait réagir sur la situation.
Le Dormeur du val C'est un trou de verdure où chante une rivièreAccrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil de la montagne fière,Luit ; c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la