Antara, fils de cheddâd.
Antara, vulgairement Antar, poète guerrier de la tribu d'Abs, l'un des héros de la guerre de Dâhis, et auteur d'une moàllaca, était, suivant l'opinion la plus générale, fils de Cheddâd, fils d'Amr, fils de Corâd, etc.[1] On l'appelait souvent, par forme de sobriquet, Antarat-el-feldjâ, Antara à la lèvre fendue. Sa mère était une esclave abyssinienne nommée Zebîbé ; elle avait eu, de son premier maître, avant d'appartenir à Cheddâd, des fils qui étaient noirs comme elle, et qui furent ainsi les frères utérins d'Antara.
Trois personnages célèbres parmi les Arabes païens ont été désignés sous la qualification de Ghorâb, au pluriel Aghriba, c'est-à-dire corbeaux, parce qu'ils étaient fils de négresses et noirs eux-mêmes. Le premier par rang d'âge est Antara; les deux autres sont Khofâf, fils d'Omayr, de la tribu de Soulaym, et Solayk, fils d'Omayr, de la tribu de Sàd, branche de Témîm.[2]
Chez les Arabes, avant l'islamisme, les fils nés d'un père libre et d'une mère esclave demeuraient esclaves ainsi que leur mère ; ils n'étaient avoués par leur père et affranchis de la servitude que s'ils venaient à se distinguer et à se faire un certain renom. Antara fut donc esclave dans sa jeunesse. Il gardait les chameaux de son père Cheddâd. Bientôt, ayant eu occasion de donner des preuves de sa force et de sa bravoure, il fut admis à faire partie des expéditions que les Abs entreprenaient contre d'autres tribus. Il pria alors Cheddâd de lui accorder la liberté, et de le reconnaître pour son fils. Cheddâd s'irrita de cette demande, refusa durement Antara, et le renvoya garder les troupeaux.
Quelque temps après, tandis qu'un grand nombre de cavaliers d'Abs étaient en campagne, leur camp, défendu seulement par la famille de Corâd et quelques autres, fut envahi par une troupe considérable d'ennemis. Dans ce pressant danger, Cheddâd fut obligé d'avoir recours à son fils. « A la charge, Antara ! lui dit-il. — L'esclave, répondit Antara, n'est