Anorexie
1) Introduction :
Une étude épidémiologique récente montre que les TCA (troubles du comportement alimentaire) connaissent un développement qualifié d’épidémique. Ils sont devenus un sujet d’actualité, un phénomène de société qui mérite la mobilisation des chercheurs. Leur compréhension jusqu’à récemment étayée par la seule approche psychanalytique s’enrichit aujourd’hui de nombreux travaux diagnostiques préventifs et thérapeutiques. Dans les descriptions princeps de l’anorexie mentale, Gull et Lassègue , Charcot et Déjerine ,Janet et Freud proposent une théorie d’hystérie de conversion par refoulement de l’érotisme oral. Cette thèse sera reprise par Couvreur puis Valabrega qui en fait un symptôme susceptible de se manifester sur des structures différentes .L’anorexies et autres TCA ne sont plus considérés au seul éclairage de la psychose maniacodépressive ou dépression mélancolique. Les facteurs contributifs à l’anorexie sont mieux connus. Ils apparaîtraient sous les interactions conjuguées d’influences sociales, familiales, culturelles, groupales, psychologiques et biologiques. L’industrie agro-alimentaire, les médias et la publicité qui exaltent la maigreur extrême comme modèle d’idéal social (executive woman), la perte des traditions culinaires et la désorganisation des repas en famille y contribuent de manière significative.
2) Intérêts des avancées de la recherche : d’un trouble oro-alimentaire à une problématique addictive.
Dès 1872 les travaux de Lassègue et Gull sur l’anorexie hystérique et l’anorexie nerveuse ont le mérite d’inscrire l’anorexie dans le champ clinique de la psychiatrie moderne. Elle a pu sortir du ghetto de l’apepsie hystérique, où la seule réponse à un amaigrissement excessif était un confinement en asile ou un séjour prolongé en sanatorium.
L’évolution historique basée sur ces travaux verra apparaitre un diagnostic différencié de la tuberculose (apepsie) et des maladies digestives décrites dans la