Annalyse phèdre iv, scène 6 v.1252-1292

590 mots 3 pages
Dans la grande tirade des vers 1252-1294, succombant moralement sous le poids de sa passion et de l’horreur qu’elle s’inspire à elle-même, elle passe de la lucidité au délire qui, pour Jean-Louis Barrault, «est l’extra-lucidité». Elle oppose d’abord aux vues courtes et étroitement réalistes d’Oenone, sa conception d’un amour total, absolu, éternel, qui est assez fort pour se passer d’assouvissement, qui n’en est même qu’exalté, sublimé : «Ils s'aimeront toujours» (vers 1252) n'est pas un cri de fureur, mais une plainte poignante, la transposition infiniment douloureuse du «Nous nous aimerons toujours» qu’échangent des amants heureux. À la pensée du bonheur des amants parfaits que sont Hippolyte et Aricie, sa jalousie exaspérée lui insuffle une bouffée d’orgueil et de furie vengeressse (vers 1257-1263), au nom aussi de son orgueil («je ne puis souffrir un bonheur qui m'outrage» [vers 1257]). Elle se veut impitoyable.
Mais qui pourrait la venger? Ce ne peut être Thésée, même s’il en veut à ce «sang odieux» qui coule en Aricie, car, comme l’indique le vers 1270, elle l’a trahi par son «inceste» (l’amour coupable pour son beau-fils) et son «imposture» (le manque à la fidélité due à l’époux, et aussi la tromperie par laquelle elle a fait accuser Hippolyte que son père a déjà décidé de châtier). Et de qui pourrait-elle se venger? Non pas d’Hippolyte, que son père a déjà décidé de châtier ! Il resterait donc Aricie qu’elle veut faire périr, ce désir étant celui de la femme jalouse qui veut détruire le couple rival mais qui, aimant encore l’homme, porte tout naturellement sa colère sur l’autre femme, voulant voir en elle la fautive, la séductrice, celle qui a perverti l’être aimé. Plutôt que de le voir se lier à un autre, on préfère le détruire, la passion chez Racine étant une sorte de conflit entre l’amour et la jalousie que La Bruyère résuma ainsi : «L’on veut faire tout le bonheur, ou si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu’on aime.»
Mais Phèdre se rend

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