Analytique 3
Réfléchissez, voyons, vous vous rendez bien compte que nous avons une philosophie que ces animaux n’ont pas, un système de valeurs irremplaçable. Des siècles de civilisation humaine l’ont bâti !....
JEAN, toujours dans la salle de bains
Démolissons tout cela, on s’en portera mieux.
BERENGER
Je ne vous prends pas au sérieux. Vous plaisantez, vous faites de la poésie.
JEAN
Brrr…
Il barrit presque.
BERENGER
Je ne savais pas que vous étiez poète.
JEAN, il sort de la salle de bains.
Brrr…
Il barrit de nouveau.
BERENGER
Je vous connais trop bien pour croire que c’est là votre pensée profonde. Car, vous le savez aussi bien que moi, l’homme…
JEAN, l’interrompant
L’homme… Ne prononcez plus ce mot !
BERENGER
Je veux dire l’être humain, l’humanisme…
JEAN
L’humanisme est périmé ! Vous êtes un vieux sentimental ridicule.
Il entre dans la salle de bains.
BERENGER
Enfin, tout de même, l’esprit…
JEAN, dans la salle de bains
Des clichés ! vous me racontez des bêtises.
BERENGER
Des bêtises !
JEAN, de la salle de bains, d’une voix très rauque difficilement compréhensible.
Absolument.
BERENGER
Je suis étonné de vous entendre dire cela, mon cher Jean ! Perdez-vous la tête ? Enfin, aimeriezvous être rhinocéros ?
JEAN
Pourquoi pas ! Je n’ai pas vos préjugés.
BERENGER
Parlez plus distinctement. Je ne comprends pas. Vous articulez mal.
JEAN, toujours de la salle de bains
Ouvrez vos oreilles !
BERENGER
Comment ?
JEAN
Ouvrez vos oreilles. J’ai dit, pourquoi ne pas être un rhinocéros ? J’aime les changements.
BERENGER
De telles affirmations venant de votre part… (Bérenger s’interrompt, car Jean fait une apparition effrayante. En effet, Jean est devenu tout à fait vert. La bosse de son front est presque devenues une corne de rhinocéros) Oh ! vous semblez vraiment perdre la tête ! (Jean se précipite vers son lit, jette les couvertures par terre, prononce des paroles furieuses et incompréhensibles, fait entendre des sons inouïs) Mais ne soyez pas si furieux,