Analysis of a cartoon
Pousser la porte de la famille Brangan, ce soir-là, pourrait laisser croire que la sécularisation n’a pas atteint ce coin de campagne irlandaise du nord de Dublin. John, le fils de 40 ans, agriculteur comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père, a transformé la table de la cuisine en autel.
Au centre de la pièce, ses sœurs ont tiré tous les fauteuils et tabourets de la ferme pour asseoir une quarantaine de convives. Ciara, 16 ans, l’aînée des petites-filles, suit attentivement les instructions de sa grand-mère, Lily, qui lui a confié l’animation des chants à la guitare.
« ON M’A TOUJOURS DIT QUOI PENSER ET CROIRE »
À les voir entourés de leurs enfants et petits-enfants, du blond au roux, pour la messe annuelle qu’ils organisent chez eux avec l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes, Paddy et Lily Brangan, 79 et 71 ans, offrent l’image d’une famille catholique modèle. Pourtant, la « tribu » n’a pas échappé aux difficultés de transmission de la foi qui affectent la verte Irlande depuis une vingtaine d’années.
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« Je me pose beaucoup de questions sur Dieu, glisse la jeune Ciara. On m’a toujours dit quoi penser et croire. Mes grands-parents sont très stricts sur la religion. Pour ma part, je veux faire mes propres choix plutôt qu’on me les dicte. » À ses côtés, Georgina, sa mère, la plus volubile des filles Brangan, reconnaît qu’elle bataille souvent pour emmener l’adolescente et son frère, Samuel, 14 ans, à l’église le dimanche. « Ils savent qu’ils sont tenus de m’accompagner jusqu’à leurs 18 ans. Après, ils choisiront, explique cette professeur de sciences de 44 ans. Mais c’est difficile de les motiver car aucun de leurs amis n’y va. »
LES SCANDALES D’ABUS SEXUELS ONT VIDÉ LES ÉGLISES
Pendant dix ans, Georgina, elle-même pianiste, a animé une chorale