Analyser du personnage de matamore
MATAMORE
L'illusion Comique, Corneille
Il y a durant toute la pièce une imprécision sur le physique de Matamore, qui permet à chaque lecteur ou spectateur de l’imaginer à sa guise. Il incarne une forme d’absolu (la vantardise, l’hypocrisie, la séduction…) dont les manifestations peuvent être diverses. Ce qui permet à ce personnage de traverser aisément les siècles. Ce type de personnage à finalement changé de noms et de visages dans l’histoire du théâtre mais il a toujours gardé un air de famille reconnaissable à quelques traits essentiels. Le Matamore de l’Illusion Comique n’y échappe pas. Dans la comédie d’intrigue qui occupe les actes II III et IV, il tient le rôle traditionnel du grotesque, amoureux confus, battu et content, du vantard et du poltron qui fatigue les oreilles du récit de ses exploits et prend la fièvre, comme le lièvre dans la fable au moindre souffle de la nuit.
Son « idiolecte » est tourné sur son propre éloge. Il utilise principalement la 1ère personne afin de mettre son égocentrisme en avant. Ses champs lexicaux principaux sont celui du pouvoir et de la destruction : « Je ne saurais me faire effroyable à demi, je tuerais ma maîtresse avec mon ennemi. » (Acte II scène II). Il se compare au monde entier, montrant sa puissance et sa supériorité (référence à l’Europe, aux Turcs, aux rois de tous les pays). Il utilise un procédé hyperbolique renforcé par la versification et les éloges au fil des rimes. Ce procédé accentue le ridicule de ses propos, trop exagérés, invraisemblables.
Matamore est un personnage superficiel, de fiction théâtrale (il n’existe que par ce qu’il raconte d’où la longueur disproportionnée de ses répliques). Il est très proche de son fidèle sujet, Clindor, qui renforce le phénomène d’illusion où se trouve Matamore. « Vous aviez désolé les pays d’alentours, rasé quinze châteaux, aplani deux montagnes, fait passer par le feu villes, bourgs et campagnes et défait vers Damas cent mille