Analyse sujet barthes "sentiment du oui"
« Il n’y a pas, il n’y a sans doute jamais eu de grands poètes (…), sans qu’on trouve au fond de lui, tout au fond, le sentiment de la merveille, de la merveille unique que c’est d’avoir vécu dans ce monde et dans nul autre. La poésie vibre par excellence dans ce sentiment du oui (…) »
Julien Gracq, Préférences, « Pourquoi la littérature respire mal », dans Œuvres complètes I , Gallimard- La Pléiade, 1989, p. 874.
Dans quelle mesure ces propos de Julien Gracq sont-ils pertinents pour notre corpus d’étude ?
« Rien ne peut éclairer davantage que la situation absolument différente qui a été, dans le public et dans l’influence qu’ils ont pu exercer sur d’autres écrivains, celle de Claudel et celle de Sartre.
[Le sentiment du oui] Le premier, bien entendu, est un poète catholique. Mais ce n’est pas le catholicisme ici qui m’intéresse chez lui. Ce qui me frappe, c’est la traduction continuelle chez lui, malgré le catholicisme tout autant que grâce à lui, d’une certaine attitude fondamentale vis-à-vis du monde, attitude qui atteint à une pureté presque emblématique, et que j’appellerai – le mot n’est pas de moi, mais je n’en vois pas de meilleur – le sentiment du oui… [le mot est de Jules Monnerot] Un oui global, sans réticence, un oui presque vorace à la création prise dans sa totalité : Claudel n’a jamais eu très profondément le sentiment de la vallée de larmes. Un oui absolu, euphorique, à tout ce qui doit venir : aucune place chez lui, même dans l’extrême vieillesse, pour le retour en arrière, le regret, le souvenir, la nostalgie rétrospective, la part de ce qu’il appelle ironiquement " le voyageur de la banquette arrière ". Ce qui l’a mené toute sa vie, ce qui a alimenté la chaudière congestive de cette puissante locomotive au cou de taureau, c’est un appétit formidable d’acquiescement, qui a des côtés grandioses et des côtés qui le sont moins, mais où il n’est pas question de choisir : acquiescement à Dieu, à la création, au pape, à la