Analyse lineaire beauvoire
Non Simone de Beauvoir n’est pas seulement la compagne attitrée de Jean-Paul Sartre !
A l’ombre écrasante de Sartre, la place littéraire de Simone de Beauvoir reste modeste. Comme l’a montré la commémoration en 1999 du cinquantenaire de la parution du Deuxième sexe, c’est surtout la militante du féminisme qu’on célèbre en elle. Et pourtant son œuvre romanesque et autobiographique est loin d’être négligeable (La force de l’âge 1960, et surtout Mémoires d’une jeune fille rangée 1958). Mais comme l’écrivit Pierre Bourdieu en 1995 : « l’œuvre de Simone de Beauvoir notamment Le Deuxième Sexe inaugura le féminisme moderne ». Dans cette somme de plus de 800 pages, parue en 1949, Beauvoir avec une grande maîtrise, démontait le mythe de l’éternel féminin, abordait sans tabou la jouissance féminine, l’homosexualité, la vieillesse, l’avortement…Si le livre eut d’abord un succès de scandale, il fut néanmoins une révélation pour les nombreuses lectrices dans le monde entier, notamment aux États-unis où il fut traduit en 1953, et devint à partir des années 60 un manifeste pour toute une génération de féministes. Même s’il a été critiqué depuis, cet essai n’a rien perdu de sa force. Justement, classer Le Deuxième Sexe dans le genre de l’essai peut poser problème. Par son volume d’abord, plus de 1.000 pages. Or, traditionnellement, l’essai se caractérise par sa relative brièveté. Par son approche ensuite, Le Deuxième Sexe est une somme (œuvre encyclopédique qui essaie de faire le point, le résumé, le tour d’un sujet quelconque). L’œuvre s’apparenterait donc plus au Traité qu’à l’Essai. Par sa tonalité enfin, soucieuse d’analyse, l’œuvre tend à une certaine objectivité. Néanmoins, si l’on retient d’autres critères (que nous allons examiner ici): traitement d’un problème déterminé (la condition de la femme), éclairage original d’un domaine peu ou mal connu (la condition de la femme !), écrit lié au