Anales zéro
Le premier point commun entre les textes du corpus est que l’on retrouve dans toutes ces biographies l’enfance des auteurs, qui marque leur souvenir. Chateaubriand évoque sa naissance à Saint-Malo, Rousseau lorsqu’il est mis en pension chez le pasteur Lambercier, Perec ses souvenirs d’école, et Nathalie Sarraute son enfance à Paris. Tous permettent de distinguer le « je » narré du passé et le « je » narrant et posent le problème de leurs liens complexes.
Différences:
l’originalité du texte de Chateaubriand qui raconte sa naissance alors qu’il ne peut s’en souvenir consciemment. Il s’agit donc d’un souvenir façonné à partir du récit de son entourage, représenté par le «on»: « on m’a souvent conté ces détails ». On remarque aussi l’empreinte laissée par les récits de sa naissance, trace apparemment aussi forte que des souvenirs directs. Se mêlent donc mémoire et imagination : « Il n’y a pas de jour où rêvant à ce que j’ai été, je ne revoie en pensée … »
. Rousseau ne raconte pas un souvenir précis mais s’intéresse au fonctionnement de sa mémoire qui privilégie les souvenirs agréables au détriment de ceux qui furent désagréables : « je sens que ces mêmes souvenirs renaissent tandis que les autres s’effacent, et se gravent dans ma mémoire avec des traits dont le charme et la force augmentent de jour en jour ». Il constate qu’un souvenir se transforme au fil du temps. Contrairement à Chateaubriand, il insiste sur le plaisir qui accompagne la remémoration : « toutes les petites anecdotes de cet heureux âge, qui me font tressaillir d’aise quand je me les rappelle ». Il montre donc le caractère affectif de la mémoire.
Chez Perec, on note le souci de précision du narrateur qui compte ses souvenirs et cherche à en reconstituer le déroulement avec le plus de détails possible. L’emploi dominant du présent de narration dans le récit des trois souvenirs d’école montre la persistance du souvenir dans la mémoire et son caractère intemporel. Le narrateur