Albert camus l'étranger commentaire
Amorce : La question de l'incommunicabilité entre les êtres est au centre des préoccupations du XXe siècle et la littérature s'en fait l'écho. « Non, il est impossible, il est impossible de transmettre la vie, la sensation d'une époque donnée de son existence - ce qui fait sa vérité, son sens, son essence subtile et pénétrante. Nous vivons comme nous rêvons, seuls », écrit le romancier Joseph Conrad en 1902 dans Au cœur des ténèbres.
L'œuvre : Camus, dans son roman L'Étranger, se fait l'écho de ces préoccupations.
Le texte : Le narrateur, Meursault, employé de bureau à Alger, a appris que sa mère était morte et il va l'enterrer sans larmes. À son retour, il retrouve une ancienne collègue, Marie, qui devient sa maîtresse. Huit jours plus tard, Marie aborde la question du mariage.
Rappel de la question et annonce des axes.
I. Un dialogue qui ne fonctionne pas
1. Les rôles renversés : une demande en mariage insolite
L'épisode reprend un lieu commun littéraire (la demande en mariage), mais inversé.
C'est en effet la jeune femme qui a l'initiative et fait la demande : elle pose des questions (« m'a demandé »), elle utilise des verbes connotant la volonté (« vouloir »). Elle marque des temps de réflexion (suggérés par les silences). C'est elle qui a les gestes tendres (« elle m'a pris le bras »). Le verbe « déclaré » (l. 18) prend ici tout son sens (= décidé).
Un personnage masculin sans consistance, passif : Meursault est réduit à « dire » et à « répondre » (verbes neutres qui n'indiquent aucune intonation affective). Ses explications sont laconiques. Il se contente de reprendre les mots de Marie en en changeant un peu la formulation, et cela pour se justifier. Quand il ne sait pas, il ne répond pas. Il fait dépendre son acceptation de la proposition de Marie elle-même (« si elle le désirait », l. 7). Il a du reste conscience de sa passivité (« je me contentais de dire oui », l. 8).
2. Un dialogue refermé sur lui-même, marqué par le silence
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